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Droždín – Haïti aride, là, où la terre tremble, là, où les gens vivotent… Pourtant, Haïti a ses moments de joies, les gens y chantent, jouent au foot… Mardi le 29 janvier, les enfants de l’école de Droždín ont visité ce pays et leur camarade de classe Idonel. Qu’en ont-ils appris ?

Klára Löffelmannová, qui avait déjà aidé Haïti trois fois sous le drapeau de Caritas l’Archidiocèse d’Olomouc, les a invités à ce voyage. Ce fut en automne dernier. Klára s’était levée à trois heures du matin pour arriver à l’heure à l’aéroport de Prague. De là elle était partie pour Vienne, puis Londres et Miami, où elle et son collègue ont passé la nuit ; et le jour suivant, ils sont partis en Haïti. Ainsi le voyage a duré deux longs jours. La photo d’un avion fit son apparition sur l’écran devant les enfants.

 

« Et cet avion, il klaxonnait ? », s’intéresse un garçon.

Klára ébauche un sourire et hoche la tête. « Non, il ne klaxonnait pas mais les voitures en Haïti, elles, ont pas mal klaxonné. »

Les enfants s’intéressent quelle langue parlent les Haïtiens ; et ils apprennent que c’est le français et le créole (le créole est un mélange des langues des aborigènes, qui y étaient amenés d’Afrique par les esclavagistes et du français). « Si vous voulez, je peux vous enseigner quelques choses, » fit savoir Klára aux enfants.

Son propos eu un retentissement auprès du public, nombreux : « Ouais ! »

Klára n’hésite pas et présente quelques choses du vocabulaire créole:

« Pour saluer, vous dîtes « Salut ! ».

« Comment ça va ? » – « Koman ou yé » ?

À ça, les Haïtiens répondent normalement par : « Ça va – Pa pis mal. » ».

 

Et les voilà en Haïti, dans la capitale, Port-au-Prince. Par l’intermédiaire de photos, ils se mêlent aux chauffeurs dans des rues peuplées. On y trouve les « tap taps ». Il suffit de faire signe de la main et ils s’arrêtent – car il n’y a pas d’horaires en Haïti. Ni les chauffeurs n’ont à respecter de code de la route. Au milieux des voitures, il y a de temps en temps des animaux ou des vendeurs. « Ils portent la marchandise sur leur tête, comme cette femme qui vend des brosses à dents… Ou cet homme qui vend des sacs d’eau potable. Cinq sacs pour 5 gourdes, c’est 2 couronnes tchèques (ou 8 centimes d’euros). Il y a une grande pénurie d’eau potable en Haïti, » explique Klára.

Partout dans la ville, il y a des ordures parce qu’il n’y a aucun système de collecete des déchets, il n’y a pas d’éboueurs. Même le littoral est sali par des ordures, seules les plages privées sont généralement propres parce que quelqu’un s’en occupe.

 

« Et quels animaux dangereux il y a ? », demande une autre écolière.

 

Tarentules, scorpions et moustiques sont beaucoup plus dangereux

Selon Klára, il n’y a pas de grands animaux comme le tigre ou le lion qui se promènent en Haïti. « Vous tombez sur des serpents, des araignées, comme la tarentule, ou des scorpions. Mais les plus dangereux, ce sont les moustiques parce qu’ils transmettent le paludisme.

C’est pourquoi il faut avoir sur soi du répulsif et dormir sous une moustiquaire, » avertit Klára.

 

Un logis haïtien typique fait son apparition sur l’écran. Il est construit de pièces de tôle, de bois et d’une toile à la place du toit. Des logements comme celui-ci résistent avec peine aux fréquentes catastrophes en Haïti. « Ni même cette église à Roche-à-Bateau n’a survécu à un ouragan il y a 2 ans. L’ouragan a emporté son toit et aussi détruit les environs. Les gens ont perdu leurs petites maisons. C’est pourquoi nous avons lancé une collecte » Klára fait son commentaire pendant qu’elle montre une autre photo où se trouve déjà une église recouverte d’un toit.

« Et vous avez vécu des tremblements de terre ? », arrive une autre question.

Klára hoche la tête. « Quand nous sommes retournés de Roche-à-Bateau à Port-au-Prince, tout a commencé à trembler pendant le dîner. Cela a duré à peu près 15 secondes mais pendant ce temps, beaucoup de maisons peuvent s’écrouler… Par exemple, cette station de police aussi était endommagée, » elle montre une autre photo, en soulignant le fait que de courtes secousses se répétaient. L’épicentre du tremblement de terre se trouvait dans le nord, près de l’Île de la Tortue où avaient séjourné les pirates de Caraïbes.

« Non ! », s’effrayèrent les enfant. Probablement, étaient-ils fans de pirates.

Les tremblements de terre en Haïti sont fréquents, mais en automne dernier, c’en fut la première expérience de Klára. Ce n’était pas plaisant de tout.

« Qu’est-ce qui cause les tremblements de terre ? » demandent les petits spectateurs.

Haïti se trouve sur un territoire sous lequel se trouvent des plaques tectoniques qui bougent de temps en temps. « Le tremblement de terre de l’année dernière était le plus fort depuis 2010, quand la plupart des maisons de la capitale sont tombées, il y avait beaucoup des morts et c’était une tragédie. Les maisons haïtiennes ne sont pas construites avec du matériel de qualité qui est résistant » explique encore la travailleuse de Caritas.

Le public s’intéresse enfin si c’est possible de se préparer pour quelque chose comme cela. Il semblerait que cela ne soit pas possible. « Je ne dormais pas beaucoup de nuits après. On était toujours en garde pour le cas où répétition des secousses se répéteraient . Dans ce cas-là, les gens devraient sortir en courant ou se mettre près d’une colonne ou d’un pilier qui pourrait résister aux secousses. Nous avons pensé à préparer un sac à dos des urgences avec les documents les plus importants. En cas de catastrophe, nous nous en saisirions et fuirions avec » répondit Klára.

Les enfants posèrent bien d’autres questions, par exemple combien d’enfants il y a dans une famille haïtienne en général ? Selon Klára, une famille a six enfants.

 

Comment va Idonel ?

« Est-ce qu’Idonel a des frères ou des sœurs ? », se demandent-ils au sujet de leur camarade de classe Haïtien.

Selon Klára, il n’aurait pas de frères ou sœurs mais c’est probable qu’il ait des beaux-frères ou des belles-sœurs. Cela courant en Haïti. « Mais nous savons qu’Idonel habite chez ses parents. Sa mère ne travaille pas et son père fabrique du charbon de bois. Idonel, à l’origine, voulait devenir docteur mais il a reconsidéré cela et maintenant, il veut devenir agriculteur, » raconte Klára. Elle a rencontré Idonel lors de sa précédente mission en automne dernier dans une classe du lycée où il étudie en ce moment. Il a 18 ans et en Haïti, cela signifie également qu’il est majeur.

Le voyage continue à l’école primaire des sœurs de Saint Joseph de l’Apparition à Gonaïves. Les écoliers y portent des uniformes et les filles ont les cheveux pleins des nœuds, perles et ornements variés. Les enfants sont intéressés par ce qui se passerait, si les petits Haïtiens perdaient leur uniforme ou oubliaient le porter ? Et ce qui se passerait, s’ils arrivaient à l’école en retard ?

Si les enfants arrivent en retard, c’est à eux seuls que cela est préjudiciable. Personne ne les laissera entrer en cours, il faut donc arriver à l’heure. Le même scénario se déroulerait s’ils ne portaient pas l’uniforme. C’est la règle. « C’est un problème, beaucoup d’Haïtiens ne peuvent pas s’offrir ce luxe d’envoyer leurs enfants à l’école parce qu’ils n’ont pas d’argent pour l’uniforme, les cours, les taxes d’examen… » explique Klára en ajoutant que tous les enfants qui fréquentent l’école à Gonaïves bénéficient par des sponsors.  Ils sont en fait les plus pauvres.

Une autre question arrive : « Y-a-t-il des gens riches ? »

 

Un grand sac de riz dévore le salaire mensuel d’un enseignant

« Oui, il y a quelques gens qui sont de très riches en Haïti. Ce sont par exemple les ministres ou les propriétaires des entreprises et ils vivent dans des villas à Port-au-Prince. Dans les quartiers riches, il y a des supermarchés où ils peuvent faire leurs courses… Mais la majorité des Haïtiens sont des gens très pauvres, qui vivotent au jour le jour. Il y a seulement des gens très pauvres ou des gens très riches, il n’y a rien au milieu comme chez nous en République tchèque, » dit Klára, tout en présentant un exemple pratique – un enseignant haïtien peut acheter un grand sac de riz (c’est suffisant pour un mois) avec son salaire mensuel, mais il ne lui reste pas assez d’argent pour le logement, un nouveau pantalon…

Grâce à l’Adoption à distance (dans les écoles de Roche-à-Bateau, Gonaïves et Baie-de-Henne), les enfants sont même nourris à l’école. Beaucoup d’enfants n’ont pas de repas chaud à la maison. À l’école, ils mangent tous les jours des préparations culinaires de riz aux haricots. Du riz aux haricots est le repas le plus courant en Haïti – cela satisfait l’appétit et ce n’est pas cher. « À l’école de Gonaïves, les sœurs donnent du lait aux enfants avant le cours. C’est bien, parce que les enfants étaient déshydratés, affamés et ils ne pouvaient pas se concentrer pour le cours, certains même s’évanouissaient », continue Klára.

« Et comment vont-ils à Haïti ? » demande une petite fille.

Le voyage finit par des mots optimistes de Klára : « Pa pi mal – ça va. Ils sont pauvres, mais ils savent profiter de la vie, ils aiment être avec leurs familles. Selon moi, ils sont courageux. »

Une phrase fait sont apparition sur l’écran : On se voit tout à l’heure, Idonel ! Il faut faire atterrir l’avion. Nous voilà rentrés à Droždín, il fait chaud dans le bâtiment, quelques enfants visent la cantine pour déjeuneur, les autres visent la maison (c’est la fin des cours) et derrière les fenêtres, il y a de la neige et il fait froid…

 

Merci aux écoliers de Droždín et leurs professeurs pour leur attention et qu’ils aident autant à améliorer la vie d’Idonel. Grâce à leur soutien, il a de la chance d’avoir un avenir.

Karolína Opatřilová, CAO